Le Coran est l'âme de la communauté musulmane. C'est par le Coran qu'elle vit le jour et c'est aussi par lui qu'elle se maintient en vie. Pour commencer, nous définirons, par souci méthodologique, sa nature.
Les théologiens le définissent ainsi : le Coran est la Parole de Dieu descendue sur Muhammad, paix sur lui, inscrite dans le Muçhaf, transmise de manière notoire, son contenu est inimitable et sa lecture est une adoration.
De ce fait, la provenance divine du Coran exclut toute autre parole. Sa descente sur Muhammad, paix sur lui, exclut celle révélée aux autres Messagers et Prophètes. Son inscription dans le Muçhaf décrit sa nature scripturaire. La notoriété de sa transmission fait référence à sa diffusion manifeste et ininterrompue. Son caractère inimitable fait référence à sa nature incomparable qui ne peut être reproduite. Le caractère cultuel de sa lecture fait référence à sa sacralité, à son excellence et à sa perfection.
À partir de cette conception générale, les Arabes accueillirent le Coran comme le miracle le plus imposant de Muhammad, paix sur lui. Ils comprirent aussi que la finalité première de la Révélation coranique est celle de guider l'humanité vers Dieu : « Voici le Coran qui guide vers la voie la plus droite » (Le Voyage nocturne [17], 9).
Notons, par ailleurs, que le musulman, au cours de sa journée, implore Dieu au moins dix-sept fois pour le guider vers cette voie. En effet, la Prière obligatoire se compose de dix-sept unités durant lesquelles le croyant doit réciter sourate al-Fâtiha (l'Ouverture). La voie dont il est question dans ces versets est celle des Prophètes, des véridiques, des martyrs et des vertueux. Il faut donc retrouver la trace de ces hommes de Dieu et suivre l'itinéraire qu'ils ont indiqué.
Cependant, le seul itinéraire qui fut préservé de tout détournement et de toute falsification est celui du Coran. En conséquence, nous n'avons d'autres choix que de l'emprunter. Les autres révélations s'effacèrent avec le temps à cause des nombreuses altérations qu'elles subirent et de l'incapacité des peuples auxquels elles furent confiées de les sauvegarder : « C'est sur toi (Muhammad) que Nous avons fait descendre le Livre avec la vérité, pour confirmer le Livre qui était là avant lui et pour prévaloir sur lui » (La Table servie [5], 48).
La guidance du Coran se singularise par trois traits : l'universalité de ses principes, la clarté de ses enseignements et la rationalité de ses décrets. D'abord, l'ultime révélation divine ne pouvait qu'être universelle : « Ce Coran m'a été révélé pour que je vous avertisse, par sa voie, vous et tous ceux à qui il parviendra » (Le Bétail [6], 19).
Il évoque en son sein tous les principes fondamentaux de la vie humaine. Il aborde, de ce fait, les questions doctrinales, les adorations cultuelles, les relations socioculturelles, les paradigmes éthiques et les aspirations spirituelles.
Ensuite, son expression en langue arabe ne restreint en rien son universalité. En effet, tout peuple s'exprime avec sa langue locale. Il n'existe, par ailleurs, aucune langue qui peut exprimer le verbe de Dieu avec autant de clarté que celle-ci. En outre, aucune traduction n'égale l'œuvre originale. Il faut noter, à ce propos, que cette langue n'a connu que peu d'évolution sémantique et phonétique comparativement aux autres. Le Coran représente, donc, le message de Dieu pour l'humanité en tout temps et en tout lieu dans un langage clair.
Enfin, le caractère essentiel de ce message se reflète dans sa valorisation de la raison : « Nous l'avons fait descendre en forme de Coran arabe afin que vous raisonniez » (Joseph [12], 2).
Tout être humain est concerné par ce message, car il sollicite l'attention de chacun. Il lui impose de réfléchir sur les enseignements et les principes qu'il contient et de prendre position. C'est pourquoi il ne laisse personne insensible ni indifférent. Ceux qui comprennent sa conception l'adoptent immédiatement comme modèle et respectent ses prescriptions. Quant aux autres, ils restent soit dans l'hésitation permanente ; soit ils s'y opposent pour protéger leurs intérêts particuliers et servir leurs instincts.
Références :
Manahil al-'irfân de Zurqânî
Al-Itqân de Suyûtî
Al-Bassâ'ir de Fayrûz Abâdî
Al-Burhân de Zarkashî
Al-Wahyu al-muhammadî de Rashid Ridhâ